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En vol avec Yael Margelisch

Yael Margelisch, sensation du parapente valaisan, a ammené Maev Cox de Verbier Life sous son aile afin de lui donner l’occasion de montrer ce qui l’attire vers des hauteurs aussi étourdissantes.

Notre aventure commence par une série de foulées au sol, seulement pour quelques secondes. Je suis les instructions de décollage avec assiduité afin de bien pousser vers l’avant, tout en résistant à la force qui me tire vers l’arrière et en essayant de maintenir le contact avec la terre, puis tout d’un coup, nous voilà dans les airs ; Yael me demande de m’asseoir et du coup, une étrange vague d’émotion m’envahit pendant que je plonge dans le calme époustouflant qui règne là-haut.

« Pour moi, voler est synonyme de la liberté », me dit Yael Margelisch lors d’une interview juste avant notre vol, « plus on progresse, plus on est libre. J’adore ça car on peut toujours s’améliorer, c’est un apprentissage permanent. » Il est clair que du haut de ses 25 ans, celle qui est née et a grandi à Verbier fait preuve d’une maturité surprenante pour son âge. Yael a obtenu son brevet de parapente à 19 ans, après qu’un petit problème de vue ne la force à abandonner son rêve de devenir pilote d’hélicoptère. « Mes parents ne voulaient pas que je fasse ça, car je me faisais souvent mal étant enfant », raconte-t-elle ; mais grâce à sa détermination acharnée, elle n’a eu besoin que d’une petite année pour obtenir son brevet après son premier saut en 2009. Depuis, elle a travaillé pour l’école de parapente locale Gravité 0 en tant que professeur et pilote de vol en tandem, et ces deux dernières années, elle s’est sérieusement engagée dans la compétition en vol de distance. Cela l’a menée dans des endroits merveilleux aux quatre coins du monde tels que le Mexique, le Brésil et l’Inde, où ont eu lieu diverses manches de la Coupe du monde.

Yael m’explique que les compétitions s’apparentent aux courses de voiliers, la différence étant que le pilote de parapente suit un parcours virtuel à l’aide d’instruments de vol avec GPS. Au départ, on indique aux pilotes un nombre de « points de virage » ou balises (des cylindres verticaux invisibles qui s’étendent du sol vers le ciel à l’infini) qu’ils doivent survoler dans un ordre précis avant de rallier le point d’arrivée, le plus rapidement possible. Yael n’a cessé d’améliorer ses résultats au fil du temps, obtenant une deuxième place dans la catégorie féminine cette année. « Je viserai la première place l’an prochain, me confie-t-elle, mon but est d’être la meilleure pilote du monde… non seulement en distance, mais aussi en acrobatique. » Dans cette discipline, souvent appelée « acro », les pilotes doivent effectuer une succession de figures acrobatiques et sont jugés à la manière des freeriders, avec la difficulté et la réalisation des manœuvres comme critères majeurs. Actuellement, Yael s’entraîne principalement seule et n’est engagée dans aucune compétition. Elle se fait un plaisir de m’annoncer avoir récemment accompli son premier Infinity Tumbling, le Saint Graal des manœuvres acrobatiques, et je me dis qu’il ne lui faudra pas longtemps pour se faire remarquer sur le circuit.

Tandis qu’elle peut sembler accro à l’adrénaline, Yael fait preuve d’une personnalité à la fois mesurée et équilibrée. Jusqu’à présent, elle n’a jamais eu d’accident sérieux et compte une poignée d’atterrissages dans les arbres qu’elle estime faire « partie du jeu ». Le jeu, lui, est actuellement dominé par les hommes. Sur environ 120 pilotes présents à la dernière Coupe du monde, il y avait seulement dix femmes. « Les femmes mettent plus de temps à atteindre l’excellence, les hommes n’ayant généralement pas la même peur du risque que nous, explique Yael. Je suis plus prudente. C’est lorsqu’on force les choses que l’on commet des erreurs stupides. Je pense qu’en prenant son temps, une femme peut un jour entrer dans le top 10. » Comme elle a commencé à pratiquer ce sport assez tôt, Yael dispose d’un atout majeur : sa jeunesse, et de temps pour se perfectionner et progresser patiemment jusqu’au sommet.

Le sponsoring est un élément important qui s’avère essentiel pour sa participation continue au niveau professionnel. L’argent des sponsors sert principalement à financer le matériel ainsi que les vols pour se rendre aux compétitions. En échange, le logo de l’entreprise sponsor est imprimé sur son aile qui fait le tour du monde. Parmi les autres avantages figurent les sauts en tandem au profit des collègues et des partenaires commerciaux, ainsi que la possibilité d’utiliser des images de vol dans les supports publicitaires de l’entreprise. Toute personne intéressée et souhaitant en parler avec Yael est invitée à la contacter à l’adresse : margelischyael@hotmail.com.

Yael et moi passons un bon moment à planer au-dessus des forêts et des bandes de falaises qui s’étirent depuis les Ruinettes, des montagnes alentours qui s’animent dans une richesse de détails époustouflante, des nuages et de leurs ombres qui dansent nonchalamment, et du fond de la vallée qui s’étend en dessous de nous comme une vie rurale idyllique en modèle réduit. Nous atterrissons en douceur, et en un instant, nous voilà à nouveau de simples humains, rivés au sol et totalement limités. J’ai été fascinée par la sérénité de toute cette expérience, et je commence à comprendre comment ce boulot de pilote de parapente pourrait devenir une passion dévorante.

 

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