verbierlife.com

Verbier News, Events, People, Food and more…

Le ski pour tous

 

La station de Verbier est souvent considérée comme un terrain de jeu huppé, réservé à ceux qui ont « réussi » dans la vie, sur le plan financier et aussi professionnel ; mais Verbier a tellement plus à offrir. Verbier Life est allé à la rencontre d’un groupe de skieurs uniques qui ont « réussi » différemment, à leur manière.

Assis au soleil, savourant un café à la terrasse du Dahu, ça pourrait être n’importe quel groupe de jeunes vacanciers bavardant et s’amusant de leurs exploits et de leurs sensations. Et c’est exactement de quoi il est question dans cette aventure. Imaginez la joie d’apprendre à skier lorsque l’on est victime d’une lésion cérébrale invalidante.

Une fois par an, l’organisme de bienfaisance Ski4All Wales accompagne un groupe de handiskieurs qui s’est entraîné toute l’année sur piste sèche afin de mettre ses compétences à l’épreuve sur la neige. Je me suis jointe à eux lors de leur dernier après-midi.

Atteinte d’un traumatisme crânien, Jenny est une grande passionnée de ski : elle ne manque jamais un mercredi après-midi au ski club gallois, et c’est son troisième voyage à Verbier. Trois ans auparavant, elle avait besoin d’un soutien total et bataillait ferme sur le tire-fesse des Esserts ; désormais, elle prend facilement le télésiège de La Chaux et skie, seule, du haut jusqu’en bas des pistes. « Ils disent que j’ai une lésion cérébrale, rigole-t-elle, mais regardez-moi, je skie à Verbier. Je trace. »

Becci, une jeune femme atteinte d’une lésion cérébrale acquise (LCA), raconte avec joie comment elle n’imaginait jamais pratiquer un sport un jour, mais maintenant elle skie et elle adore ça. Son père (son aidant), qui a lui aussi appris à skier afin d’accompagner sa fille, se tient debout à ses côtés avec des larmes de fierté dans les yeux ; j’avoue en retenir moi-même quelques-unes.

Austin, qui est également atteint d’un traumatisme crânien et qui effectue là son premier voyage à Verbier, a manifestement attrapé le virus. Aujourd’hui, le groupe lui a attribué le titre de « Roi de la montagne » et il meurt d’impatience de retourner sur les pistes, alors je pars skier avec eux.

Il existe deux grandes variantes de ski adapté : le ski debout et le ski assis (ou fauteuil-ski). Je m’aperçois que Dave et Eirian, qui encadrent les skieurs debout, skient le plus souvent juste derrière leurs élèves plutôt que devant eux, et les coachent en permanence. Sur le qui-vive, les physios Jo et Adam observent, prêts à réajuster la position, faire des réglages, donner des conseils et livrer une rapide évaluation des risques.

Les moniteurs des skieurs assis doivent être costauds et savoir comment utiliser leur poids, car ils servent de stabilisateurs et de freins jusqu’à ce que les skieurs sachent piloter le fauteuil eux-mêmes. Hisser les fauteuils sur les télésièges exige également du muscle et quelques compétences techniques. Les fauteuils sont parfois dotés de stabilisateurs pour permettre aux skieurs de déclencher les virages. Mim et Cloe font du ski assis. Pour Mim, un ex-motard, déplacer son poids pour faire tourner le fauteuil s’avère parfaitement naturel.

Nick, le moniteur de handiski d’European Snowsport (ES) qui encadre le groupe lors de ce séjour, explique que la méthode d’enseignement doit être adaptée aux difficultés propres à chaque skieur (d’où le terme de ski « adapté »). Tandis que l’on dit aux skieurs valides de ne pas pivoter les épaules pour tourner, si c’est ce qu’un skieur handicapé doit faire, alors peu importe, pourvu que ça marche…

Mim, le blagueur de la troupe, déterminé à profiter de tout ce que Verbier a en réserve, est inscrit pour un vol avec Mike de Verbier Summits, qui se fait briefer en détail avant le décollage par l’aidant de Mim, et Nick, le moniteur d’ES. Spectateurs depuis la terrasse du restaurant des Ruinettes, les autres handiskieurs assistent à l’envol de Mim et Mike dans un soupir collectif suivi de rires et d’applaudissement spontanés. Une petite équipe suit les parapentistes jusqu’au site d’atterrissage avec le nécessaire d’urgence au cas où Mim aurait besoin de soins. Mais il n’en est rien. Mim atterrit impassible et se met immédiatement à plaisanter. Si l’on considère que Mim souffre d’un trauma crânien et d’épilepsie, qu’il est amputé et mal-voyant, on comprend pourquoi cette sortie compte autant pour tous les participants.

Amener cinq handiskieurs à Verbier exige une préparation et une organisation méticuleuses. Huit aidants, trois physiothérapeutes et trois moniteurs font partie du voyage. Aux commandes de la logistique et extrêmement fières de leurs accomplissements, on retrouve Bethan Drinkall, fondatrice et force motrice de Ski4All Wales ainsi que Jo Inkin, pilier de l’organisme.

Bethan explique comment le fait de descendre une piste prend jusqu’à six fois plus d’énergie aux handiskieurs qu’aux skieurs valides. « Du point de vue de la physiothérapie, nous voyons des améliorations au niveau de l’équilibre, de la coordination, de l’endurance et de la force. Les satisfactions personnelles proviennent d’une plus grande mobilité, d’une plus grande confiance, de sensations plus fortes, et pour certains, comme Mim l’ex-motard, du “besoin de vitesse” qu’il lui manque. »

Je demande, pourquoi Verbier ? D’autres stations conviennent bien mieux au ski adapté ? Bethan le reconnaît. « Pour moi, ce n’est pas seulement une question de ski, c’est un tout, c’est une question d’insertion. Regardez cet endroit, dit-elle en montrant d’un geste du bras notre cadre somptueux au cœur du massif des Combins. Ici, ils ont vraiment l’occasion de voir les roches à l’état brut, les hautes montagnes ; je veux que mes gars aillent dans un endroit ‘hyper’ spécial, me dit-elle, oui, Verbier a un certain cachet, et pourquoi ne pourraient-ils pas en profiter ? »

L’équipe de soutien veille à ce que les skieurs apprécient chaque seconde de leur séjour de ski, ce qui implique, à la fin de journée, d’aller prendre une bière au pub et de se rendre à l’Après-ski du Farinet. « Les voir danser au pub, c’est tout simplement magique », me dit Bethan, ajoutant que Becci, à 23 ans, n’a jamais dansé auparavant.

Verbier a vu naître plus d’une histoire d’amour, et ce groupe n’a pas été épargné, Jennie et Austin ayant changé leur statut Facebook durant leur semaine ici.

Ce voyage offre également un dépaysement bienvenu aux aidants, physios et moniteurs. On ne peut pas véritablement appeler cela des vacances, car le changement de milieu influant sur la routine augmente leur volume de travail, et Cloe, recrue de dernière minute atteinte d’une paralysie cérébrale, est venue sans aidant, si bien que tout le monde met la main à la patte pour l’assister. Néanmoins, faire partie d’une grande équipe leur donne la possibilité de se répartir la tâche, d’échanger leurs expériences, de profiter des paysages et de l’air de montagne, et aussi d’apprendre à skier à leur tour.

Bethan me confie que la semaine a été riche en émotions, en larmes, en réjouissances et en éclats de rire. Pour que l’aventure soit un succès total, il faut que les skieurs aient entièrement confiance en leurs partenaires de ski. Chaque sortie nécessite du temps et une bonne dose d’encouragements, chaque skieur allant à son rythme (quoique serait-ce une pointe de rivalité que je décèle chez nos deux tourtereaux ?).

Les irréductibles skieurs du groupe, Jenny et Austin, décidés à faire durer le plaisir lors de leur dernière journée, sont encore sur les pistes de la Chaux au moment de la fermeture. Alors que Jenny ne parvient plus à tenir sur ses jambes, voilà la cavalerie qui arrive : un des pisteurs de Téléverbier la redescend jusqu’à la télécabine en Ski-doo (l’emmenant faire un tour sur les tremplins du snow park) : une merveilleuse virée improvisée dans le monde magique de Verbier.

Partager un après-midi avec ce groupe d’êtres humains extraordinaires a été à la fois révélateur et inspirant. L’organisme de bienfaisance effectue un travail remarquable en faisant partager le plaisir de skier et l’accès à cette station de Verbier que nous aimons tous à ceux qui, autrement, ne pourraient certainement pas venir ici, et franchement, pourquoi devrait-il en être ainsi ? Ski4All Wales, vous déchirez !

Welcome to Ski 4 All Wales

www.facebook.com/ski4allwales

Texte : Kathryn Adams

Privacy Preference Center