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Muztagh Ata, le Père des Neiges

Nicolas Jaques, Verbier

Au cœur de l’Asie Centrale, coincé entre le désert du Taklamakan et les montagnes du Pakistan, de l’Afghanistan, du Tajikistan et du Kyrgyzstan, le Muztagh Ata, 7546 mètres, est le plus haut sommet entièrement accessible à skis. Telemarkeur passionné, c’est en toute logique que je l’avais choisi pour la première expédition Horizons Nouveaux en haute altitude. Avec moi au Camp de Base à 4350 m, cinq autres Verbierins: Eric et Patrick Fellay, Bob Mazarei, Douglas Scott et Christophe Berclaz, ainsi que Laurent Boiveau, un telemarkeur de Courchevel et Vincent Marclay de Champéry .

[quote_center]le Muztagh Ata, 7546 mètres, est le plus haut sommet entièrement accessible à skis[/quote_center]

Le succès d’une ascension en haute altitude dépend de plusieurs facteurs: le coût (qu’il faut assumer), le temps (qu’il faut consacrer), la forme physique (qu’il faut acquérir), le moral (qu’il faut toujours garder) et une météo favorable. Seul paramètre que nous ne pouvons maîtriser, la météo décide tout. Réunissez tous les premiers ingrédients, mélangez bien, obtenez un cocktail explosif! Mais si la météo n’est pas là, restez au camp de base à boire des bières, la montagne ne veut pas être dérangée! La météo est la chance. Il faut beaucoup de chance pour arriver en haut. Nous avons eu beaucoup de chance!

Muztagh Ata - 10Il faut aussi savoir attendre. La lenteur en altitude est comme le liant dans la sauce. L’acclimatation à l’altitude ne s’acquérant qu’avec le temps, plus on va lentement, plus vite et plus certainement on arrivera au sommet. Ne pas monter trop vite, ne pas dormir haut trop vite, savoir attendre et redescendre vers le luxe du Camp de Base (il y a de l’eau froide pour la douche, des bières, de la viande séchée et du fromage de chez nous). Jour après jour nous montons, descendons, remontons et redescendons, acheminant matériel et vivres vers le haut. Camp-I, 5300 m, Camp-II, 6100 m. On fini par y trouver un certain plaisir, surtout en dessinant les premières grandes courbes dans la poudre entre les C-II et C-I. Nous crions notre joie tels des ski-bums arrivant pour la première fois à la Mouche! Nos cuisses assoiffées d’oxygène hurlent de douleur, nous sommes à 6000 m…

Le neuvième jour, Bob, Christophe et moi passons la première nuit au Camp-II. Christophe prépare un bouillon. J’installe avec Bob une troisième tente Nous buvons encore et encore. Sieste, souper. Nous sommes en forme et décidons de tenter le sommet. Faire un C-III à 6800 mètres ne me plait pas, car nous ne sommes là que depuis 9 jours. Je suis persuadé qu’en montant et redescendant vite, nous pouvons faire le sommet. Si ça ne va pas nous aurons transformé notre essai en portage au Camp-III. Nous dormons un peu. Dans la nuit, il vente et il neige. C’est habituel et ne m’inquiète pas.

27 juillet. À minuit nous nous préparons péniblement, buvons du thé chaud, mangeons un peu et partons pour le sommet, 1400 mètres plus haut. La montée est irréelle sous la pleine lune. Le paysage est magnifique, magique. À l’aube, Christophe décide de redescendre. Je veux continuer au moins jusqu’au C-III et y déposer mon chargement dans la tente que des Lausannois nous ont laissée à disposition. Vers 6900 mètres je ne voit toujours pas le camp. L’ascension devient de plus en plus pénible. Soudain, j’aperçois un skieur loin derrière moi. D’où vient-il?! Je l’observe, monte quelques dizaines de mètres, l’observe à nouveau. Je découvre alors les tentes colorées. Comment avons-nous pu rater le camp? Mon esprit est un peu embrumé, mais ce skieur me décide à continuer. Je suis déjà bien plus haut que le camp, le sommet ne doit plus être loin. Le temps est magnifique et le massif du Kongyur entièrement visible.

Je marche depuis 6 heures. Bob est redescendu lui aussi. Pause. Dix, vingt, cinquante, cent mètres, le sommet n’en finit pas d’arriver, comme s’il ne voulait se dévoiler qu’au dernier instant. Après ce qui paraît une éternité, je débouche sur le plateau. Pour être certain d’être au sommet, je les gravis les deux mamelons qui forment le sommet. Boire, manger, photographier. Inoubliable moment! Je suis assis au sommet du Muztagh Ata, j’ai retrouvé mes esprits.

Le mystérieux skieur, un Slovène, arrive. Il n’en revient pas que je soit parti du C-II. Je lui explique que je craignais la nuit au C-III à 6800 m, et préférais marcher longtemps et redescendre directement pour éviter les problèmes d’adaptation. Notre recette semble avoir payé: beaucoup d’allers et retours, peu de nuits en altitude (3 au C-I et 1 au C-II pour la plupart de notre équipe).

La descente va vite. Quelques beaux virages en poudreuse à 7000 m et je dépose ma charge au C-III. Je me repose un moment au C-II et arrive en fin d’après-midi au CB. L’accueil est chaleureux, tout le monde me félicite, me questionne. Superbe ambiance, pas de rivalité, chacun suit les progressions sur la montagne avec la même passion. Je m’envoie une bière, quel pied!!!

Christophe arrive au sommet le lendemain, Eric et Patrick le jour après. Le soir nous leur faisons la surprise d’une fondue. Aussitôt, ils sortent une bouteille de Muscat de Sierre! Nous faisons la fête avec les Slovènes. Le 4 août, Douglas, Bob, Laurent et Vincent arrivent au sommet avec Christophe qui se le paie ainsi une deuxième fois! Le soir, c’est la fête générale au Camp de Base et déjà nous rêvons au prochain sommet, quel sera-t-il…?

Du 27 juin au 27 juillet 2007, Horizons Nouveaux repartira au Muztagh Ata! De plus, pour les non-alpinistes, nous organisons un voyage du Kyrgyzstan au Pakistan avec trekking autour du Muztagh Ata et la descente du Karakoram Highway. Renseignement et inscriptions  HYPERLINK “mailto:nj@horizonsnouveaux.com” nj@horizonsnouveaux.com!

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