Olaf Breuning, artiste suisse basé à New York, présente une nouvelle œuvre photographique cet été à Verbier. Invité par la Fondation 3-D, il a développé de nouvelles créations qui répondent à l’environnement social et glaciaire de la région. Son œuvre, SAVE THE CLIMATE! (Ndt : « Sauvons le climat ! »), crée un cadre permettant aux visiteurs de considérer le rôle manifeste que jouent les migrations humaines dans le changement climatique…
Texte : Anneliek Sijbrandij
Photos : Olaf Breuning

Anneliek Sijbrandij : Tout d’abord, Olaf, vous vivez à New York. Revenez-vous souvent en Suisse ?
Olaf Breuning : J’ai vécu à Manhattan pendant dix-huit ans, et depuis 2 ans, je vis au nord de New York, dans la nature… c’est agréable, je suis un peu plus au calme. Je me rends en Suisse environ 3 fois par an. C’est magnifique et j’adore, c’est là où j’ai grandi, mais je ne suis pas du genre nostalgique. Mon père y vit encore, mais autrement, ça ne me manque pas plus que ça.
AS : Votre travail s’étend de la photographie à la sculpture, en passant par l’installation, la performance, le cinéma et le dessin. Comment décidez-vous du support à utiliser ?
OB : Je me lasse très vite, donc lorsque quelque chose m’ennuie, je suis content d’en changer… C’est une approche particulière : je dessine beaucoup, j’apprécie de créer des objets en céramique, de prendre une photo… J’ai fait un film une fois et j’en ai eu tellement marre pendant la réalisation qu’il m’a fallu quelques années avant de faire un nouveau film. Avoir la possibilité de changer, c’est ce que j’aime dans ma démarche artistique.
AS : « Home 3 », un film produit suite à la demande des collectionneurs d’art néerlandais Allard et Natascha Jakobs, qui visitent régulièrement Verbier et sont des membres importants de Verbier Art Summit, traite de la culture communicationnelle de notre époque. Ce document porte sur New York au début du XXIe siècle : il y a de l’humour, mais l’œuvre est également profondément mélancolique. Retrouve-t-on souvent ces éléments dans votre travail ?
OB : L’idée est que je réfléchis toujours à ma vie, à mon travail et au monde dans lequel j’évolue, puis je traduis tout cela en un langage simple et intelligible. Il arrive que ce soit fait avec beaucoup d’humour, mais il y aussi un côté plus sérieux, et parfois un fort aspect philosophique. Sur la photo que j’ai réalisée à Verbier, on peut lire « SAVE THE CLIMATE! » sur leurs fesses et les voir lever les bâtons de ski en l’air avec leur pantalon sur les chevilles, mais ensuite, on ne comprend pas vraiment ce que cela veut dire. Est-ce qu’ils font la fête ? Protestent ? Puis il y a dans mon langage, en général, un moment où tout prend son intérêt, parce que c’est un langage simple mais dont la signification n’est jamais totalement claire. Je pense que c’est le cas pour la plupart de mes œuvres.
AS : Il est clair, ici, que ce langage porte sur notre compréhension actuelle des questions climatiques et glaciaires. Sur quoi souhaitez-vous que les visiteurs de Verbier méditent en observant votre travail ?
OB : Mon travail illustre, plus ou moins, un dilemme auquel personne n’échappe. On a tous, au plus profond de nous, la volonté d’agir contre cela, de faire de la planète un endroit où il fait bon vivre, mais en même temps, on se rend compte de mille et une façons qu’on ne le veut pas. Par exemple, j’ai encore une voiture et toutes ces choses-là, mais cela prend du temps de changer, non seulement les consciences, mais aussi nos habitudes quotidiennes.
SAVE THE CLIMATE! sera exposé jusqu’au 17 juin 2018 au Parc
de Sculpture de Verbier situé sur le chemin entre La Chaux et les Ruinettes, à
2’300 m d’altitude. Une exposition retraçant la réalisation de l’œuvre prendra également place sur le chemin
entre les Ruinettes et la Croix-de-Cœur, avec les illustrations de la photographe Melody Sky.
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