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Guide Fred Roux – Troisième Tentative d’Ascension du K2

Guide de Verbier Fred Roux a partagé le récit de sa troisième tentative d’ascension du K2 en compagnie du célèbre explorateur Mike Horn, au Festival du film de Vollèges. Verbier Life est allé à sa rencontre pour recueillir le témoignage de son aventure au cœur des montagnes les plus périlleuses du monde…

Alors que l’ascension de la Pierre Avoi constitue déjà un défi pour la plupart d’entre nous, d’autres ont pris toute la mesure de ce que signifie « repousser les limites de l’extrême ». Parmi eux figure Fred Roux, un guide de montagne valaisan discret, qui coule des jours paisibles dans le petit village de Vens, au-dessus de Sembrancher. Il y a quelques mois, Fred et le légendaire alpiniste suisse d’origine sud-africaine, Mike Horn, ont tenté, pour la troisième fois, de gravir le K2. Il s’est confié à Verbier Life à propos de cette expérience, de sa relation avec Mike et de son affection pour les montagnes d’ici et de là-bas.

Fred a le look du guide de montagne. Bronzé et charpenté, il arbore la même doudoune verte que lors de sa dernière expédition. L’humilité et l’immense passion qui l’animent lui inspirent un profond respect de soi, ce qui lui permet de regarder la mort en face avec détachement.

Du haut de ses 8’611 m, le K2 est le deuxième plus haut sommet du monde, et contrairement à l’Everest, il reste inaccessible même à la plupart des alpinistes les plus chevronnés. Connue pour ses pentes escarpées, ses camps de base lointains et sa beauté stupéfiante, cette montagne respire le mystère. Certains la surnomment « la montagne des montagnes » et d’autres « la montagne sauvage ». Les trois fois, Mike et Fred ont tenté d’escalader le K2 par le versant pakistanais dans un style alpin, c’est-à-dire sans oxygène ni cordes fixes.

Lors de cette dernière tentative, ils ont essayé de rallier le sommet un 16 juillet. Hélas, les conditions météorologiques étaient défavorables. « Nous avons grimpé à plus de 8’000 m, mais nous avons dû nous arrêter à 400 m du sommet. On ne voyait même plus nos pieds. » De retour au camp de base, Mike a passé la nuit à se masser les orteils, engourdis par le gel. Leur dernière chance venait de s’envoler, Mike devant poursuivre son expédition Pole2Pole. Fred est un homme détendu et serein. Son sourire est contagieux, tout comme son rire d’ailleurs. Le referait-il ? « Probablement… mais si nous y retournons, ce sera par le versant chinois ; les expéditions commerciales se multiplient côté pakistanais, il y a trop de monde. »

Selon lui, il y a de fortes chances pour que le K2 subisse le même sort que l’Everest. « Parmi les grandes agences, certaines étendent actuellement leurs offres à l’ensemble des sommets de plus de 8’000 m. Il devait y avoir pas moins de 140 alpinistes au camp de base en juillet, et seuls quatre ou cinq d’entre nous n’utilisaient pas d’oxygène ». L’abandon des bouteilles comptent pour beaucoup dans les déchets engendrés par l’exploitation de l’Everest.

Nul doute que sa personnalité aide Fred à accomplir ce qu’il fait : parfois jovial et radieux pendant notre entretien, il est aussi réfléchi et authentique.

Sa relation avec Mike, qu’il connaît et avec qui il travaille depuis une vingtaine d’année, s’inscrit selon lui sous le signe de la simplicité. « Nous travaillons ensemble, nous prenons des décisions ensemble », confie-t-il. Lors de leur première ascension en 2013, se résigner à faire demi-tour leur a été nettement plus difficile. « Nous étions à environ 7’500 m et il faisait grand beau. Mais nous avions un mauvais pressentiment. Cela, plus le bulletin neige, nous a incités à rebrousser chemin ». Juste derrière se trouvaient deux Néo-Zélandais, Marty et Denali Schmidt, un père et son fils, et eux ont décidé de continuer. Vingt mètres plus loin, la pente entière se dérobait sous leurs pieds, emportant le duo à tout jamais.

« On a beau être un alpiniste aguerri, les avalanches ne font pas la différence », précise Fred. Son expérience de guide lui a enseigné combien il est important de suivre son instinct.

Et la vie dans le Val de Bagnes ? Fred évoque avec tristesse le recul manifeste des glaciers après deux mois à côtoyer les immenses glaciers et la neige abondante qui recouvrent la chaîne du K2. « Quand j’étais plus jeune, nous skiions tout l’été sur le secteur Gentianes – Mont Fort. Ça m’attriste de voir ce qu’il en reste pour mes enfants ».

Fred et Mike partagent une complicité unique. « Fred est un vieil ami et nous avons affronté la mort ensemble. Rien que dans son regard, je peux voir l’excitation ou la peur. C’est ça, l’amitié. C’est comprendre ce qui se passe dans l’esprit de votre meilleur ami lorsque sa vie, et la vôtre, sont en jeu », explique Mike, actuellement en expédition au pôle Nord.
Quand on lui demande s’il suit la dernière expédition de son pote, Fred répond amusé : « Oui, et je suis bien content d’être ici ! »
Où la prochaine aventure de nos deux grands amis les emmènera-t-elle ?

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